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La France interpellée sur la “double dette” d’Haïti : une résolution pour la reconnaissance et la réparation déposée à l’Assemblée nationale

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À l’occasion du bicentenaire de la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti par la France, plusieurs députés français, emmenés par Mme Émeline K/Bidi, ont déposé une proposition de résolution visant à reconnaître officiellement l’injustice historique de la « double dette » imposée à la Première République noire libre. Cette initiative parlementaire entend ouvrir la voie à une forme de justice réparatrice, deux siècles après l’ordonnance royale du 17 avril 1825. Signée par Charles X, celle-ci contraignait Haïti à verser 150 millions de francs-or aux anciens colons esclavagistes, en échange d’une reconnaissance imposée sous la menace d’un blocus maritime.

Ce tribut, qualifié de « rançon » par les auteurs du texte, a plongé Haïti dans une spirale d’endettement qui a freiné son développement pendant plus d’un siècle. Pour rembourser cette somme, ramenée à 90 millions en 1838, Haïti a contracté de lourds emprunts, notamment auprès de banques françaises. L’économiste Thomas Piketty estime que cette dette représentait près de 300 % du PIB haïtien de l’époque. Soldée seulement dans les années 1950, elle a durablement affaibli le pays, tant sur le plan économique que social. Et pourtant, cette page d’histoire, aux conséquences encore palpables, est longtemps restée ignorée dans les récits officiels.

La résolution invite le Gouvernement à reconnaître solennellement cette injustice, à examiner les mécanismes de restitution possibles et à soutenir les initiatives de mémoire portées notamment par des acteurs franco-haïtiens. Elle appelle à la création d’une commission indépendante chargée d’analyser les responsabilités historiques et les voies de réparation. Portée par les principes du droit international et les déclarations récentes du Secrétaire général de l’ONU, cette initiative marque peut-être un tournant dans la manière dont la France envisage son passé colonial et ses prolongements contemporains.

Gerlanda F

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