L’échec des drones kamikazes en Haïti reflète le manque de volonté des membres du CPT de rétablir la sécurité, qui se préoccupent plutôt de gagner de l’argent par tous les moyens
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Depuis plusieurs mois, les forces de l’ordre haïtiennes ont recours à des drones kamikazes pour tenter de neutraliser les terroristes qui terrorisent la population. Si ces attaques ont causé des pertes parmi les membres de groupes criminels, elles n’ont pas permis de faire reculer durablement la violence. L’inefficacité de cette stratégie soulève des doutes sur la volonté réelle du Conseil présidentiel de transition (CPT), complice, ou à tout le moins passif, face à la montée de l’insécurité.
Les chefs terroristes restent intouchables, les territoires demeurent sous leur contrôle, et les forces de sécurité semblent enfermées dans un cycle d’actions spectaculaires sans résultats tangibles. Au lieu de rétablir l’ordre, l’usage de la technologie semble cacher une absence de vision stratégique. Pendant ce temps, la population vit sous la menace constante, livrée à elle-même et sans protection réelle.
Ce constat alarmant conduit à une remise en question de la gestion actuelle de la crise. L’usage des drones ne saurait remplacer une politique cohérente et déterminée. Tant que le CPT ne fera pas preuve de volonté politique réelle, à travers des actions concrètes et une stratégie globale, la paix en Haïti restera un mirage, et les accusations de complicité avec les groupes armés continueront de se renforcer.
Cette absence de volonté politique est d’autant plus flagrante à la lumière des scandales de corruption impliquant plusieurs membres du CPT. L’affaire la plus retentissante concerne la Banque Nationale de Crédit (BNC), où trois conseillers-présidents — Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles — sont accusés d’avoir exigé 100 millions de gourdes de l’ancien président du conseil d’administration, Raoul Pascal Pierre-Louis, en échange du maintien de ce dernier à son poste. Cette demande aurait été faite lors d’une réunion secrète à l’hôtel Royal Oasis à Pétion-Ville le 25 mai 2024.
L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a recommandé des poursuites pour abus de fonction, corruption active et passive, et entrave au fonctionnement de la justice. Cependant, la Cour d’appel de Port-au-Prince a suspendu les mandats de comparution émis contre les trois conseillers, invoquant leur statut protégé par l’article 186 de la Constitution de 1987.
Par ailleurs, des fonds alloués aux services de renseignement, censés renforcer la capacité de l’État à anticiper et contrer les menaces sécuritaires, semblent avoir été mal utilisés, voire détournés. Des critiques ont émergé concernant l’utilisation suspecte de ces fonds, notamment par le ministère de la Défense, dans un contexte où les Forces Armées d’Haïti ont désespérément besoin de ressources pour améliorer leur capacité de renseignement.
D’autres dénonciations pointent également le détournement de fonds destinés à l’achat de produits de première nécessité pour la population, comme ceux prévus pour l’assaisonnement alimentaire destiné aux cantines scolaires. Là encore, aucune transparence n’a été établie sur l’utilisation de ces montants, tandis que la malnutrition infantile continue de progresser.
Ces scandales de corruption au sein du CPT illustrent une gouvernance défaillante, où les intérêts personnels priment sur le bien-être de la population. Tant que de telles pratiques persistent, il est illusoire d’espérer une amélioration durable de la sécurité en Haïti.
Gerlanda F
Manager et Rédacteur en chef chez Satellite509
Journaliste anti-corruption