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Haïti – Grand’Anse : Inceste, viols et abus dans l’impunité, quand l’État ferme les yeux sur l’horreur

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Dans le département de la Grand’Anse, des actes d’une immoralité choquante (inceste, viol) se répètent régulièrement, pendant que les autorités centrales gardent un silence complice. Tellement occupés à s’enrichir par la corruption, elles oublient leurs responsabilités. Pendant ce temps, des mineures sont brisées par le viol, les abus de confiance et l’humiliation publique, souvent commis par des proches : frères, voisins, amis, des figures religieuses et/ou éducatives, avant d’être livrées à la vindicte numérique sur les réseaux sociaux.

La commune de Bomon est un exemple flagrant de ce fléau. Nerto Alexis, âgé de 31 ans, a violé sa petite sœur de 9 ans. Dans la localité Moulin, Emichel Anslo, 27 ans, a violé et mis enceinte sa sœur de 17 ans, selon le coordinateur général de l’Initiative départementale de défense contre la traite et le trafic des enfants (Idette), Guillaume Gérald. Par ailleurs, plus de cinq jeunes filles mineures ont été victimes d’abus sexuels filmés, puis exposés sur les plateformes sociales, causant une onde de choc dans toute la communauté. L’Idette, en première ligne dans la lutte contre ces violences, ne cesse de dénoncer ces crimes, pendant que des figures de la justice locale, comme le juge Anold Baptiste, sont pointées du doigt pour leur tendance à « faciliter » des arrangements entre familles et agresseurs, alors même que son propre fils, Jeudy Jean Baptiste, est cité dans une dizaine de cas de viol.

À Roseaux, c’est un autre visage du scandale qui indigne. Delbrun Bergemane, prédicateur de l’Église méthodiste d’Haïti et professeur de lycée, est actuellement recherché par la Section départementale de la police judiciaire (SDPJ) de la Grand’Anse pour avoir violé une élève de 14 ans, aujourd’hui enceinte, avant de prendre la fuite, nous a confirmé le coordonnateur général Guillaume Gérald. Ce cas tragique, loin d’être isolé, montre que l’impunité ne connaît pas de limite, pas même celle de la chaire religieuse ou des salles de classe. Il faut rappeler qu’en 2020, pas moins de 92 jeunes filles dans 11 écoles de la commune étaient tombées enceintes dans des circonstances troubles.

Face à cette vague d’abus, le commissaire du gouvernement près le tribunal de Jérémie, Me Jean Marie Getchgeans Alexandre, affirme qu’il ne tolérera aucun acte de cette nature sous sa juridiction. Il a ordonné plusieurs arrestations, et dans les cas de fuite, des mandats sont lancés sans délai. Toutefois, tant que les autorités centrales continueront à détourner le regard et à négliger les cris de ces communautés rurales, les monstres continueront à agir sous couvert du silence. Le peuple de Grand’Anse, particulièrement celui de Bomon et Roseaux, mérite que justice soit rendue.

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