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Sous les balles des gangs, le pouvoir ose parler d’élections… pour mieux organiser un nouveau pillage de 65 millions de dollars

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Le gouvernement haïtien persiste dans son déni de la réalité. En annonçant ce vendredi une enveloppe de 65 millions de dollars pour financer des élections, le Conseil présidentiel de transition tourne le dos aux urgences vitales du pays.

Comment peut-on sérieusement évoquer des élections quand les gangs contrôlent 80% de la capitale ? Quand les routes sont impraticables et que les citoyens ne peuvent même plus se déplacer pour chercher de la nourriture ? La prétendue « garantie de sécurité » promise par l’exécutif est une insulte pour les milliers de Haïtiens violentés, kidnappés ou tués quotidiennement.

Le Conseil électoral provisoire (CEP), nouvellement constitué, ne pourra même pas installer ses bureaux dans la plupart des communes du pays. Comment alors envisager un processus électoral crédible ? Les déclarations de Saint-Cyr relèvent de la pensée magique, quand ce n’est pas du mensonge éhonté.

Prétendre organiser des élections dans le contexte actuel relève de l’utopie la plus complète. Où seront les centres d’inscription ? Comment acheminer le matériel électoral ? Qui formera les assesseurs ? Comment protéger les bureaux de vote ? Autant de questions sans réponse qui réduisent cette annonce à un simple exercice de communication.

Les 65 millions de dollars, soi-disant inscrits au budget, risquent fort de se volatiliser dans les arcanes d’une administration corrompue et inefficace. L’appel aux « partenaires internationaux » pour un financement complémentaire est l’aveu même de l’improvisation et de l’incapacité à gérer les deniers publics.

La promesse de non-ingérence de l’exécutif dans le processus électoral est particulièrement cynique. Ce même pouvoir qui n’a pas su assurer la sécurité des citoyens, qui n’a pas pu redresser l’économie, qui n’a pas protégé les services de base, voudrait maintenant nous faire croire à sa neutralité ?

Le timing de l’annonce, lors de la commémoration de Dessalines, ne doit pas tromper personne : il s’agit d’une opération de récupération politique, d’une tentative désespérée de redorer un blason terni par l’échec et l’impuissance.

Plutôt que de gaspiller 65 millions de dollars dans un projet électoral illusoire, le gouvernement ferait mieux de se concentrer sur les urgences : rétablir l’ordre, soigner les blessés, nourrir les affamés.

Mais visiblement, la comédie doit continuer. Entre les beaux discours protocolaires et la réalité du terrain, le fossé n’a jamais été aussi grand. Les Haïtiens ne sont pas dupes : ils savent que cette annonce n’est qu’un leurre de plus destiné à endormir la communauté internationale.

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